Critique livre

Words With My Father Words With My Father par Lowell Klessig and Lukas Klessig: Voyage tumultueux dans la tête d’un activiste Américain

Words With My Father, récit anglophone co-écrit par un père et son fils, est un livre fascinant parce qu’il fait entrer en dialogue ses deux narrateurs dont un est…décédé. À elle-seule, cette caractéristique pourrait en faire une oeuvre unique. Les auteurs nous font vivre une épopée qui met en scène un homme aux prises avec un trouble bipolaire qui traverse la période socio-politique à la fois trouble et effervescente des mouvements sociaux de la deuxième moitié du vingtième siècle aux États-Unis. C’est pour ma part cette facette du récit qui a particulièrement résonné en moi.   

 

En effet, j’ai fait un pont avec ma propre expérience de la maladie. J’ai moi-même vécu l’Histoire en ayant effectué en 2013 en pleine hypomanie un périple à Washington. J’y allais pour assister au discours prononcé par Barack Obama qui soulignait les 50 ans du discours « I Have a Dream » de Martin Luther King. Mon expérience intérieure et les événements auxquels elle s’adossait étaient à ce moment en fusion totale.  

 

Puisque le genre du témoignage de personnes ayant vécu des montagnes russes à cause de leur trouble mental compte des dizaines de titres, il est difficile d’écrire quelque chose qui se démarque du lot. Pour y parvenir, les auteurs arrivent à dépasser le récit seul en l’inscrivant dans une époque, laquelle agît comme un levier pour entamer une réflexion de plus grande ampleur sur les entrelacements entre les personnes malades et leurs milieux. En somme, c’est peut-être la meilleure façon de donner un visage à la santé et à la maladie mentale de sonder la complexité d’une existence pour en faire un outil de déstigmatisation. La maladie et la santé mentale n’existent pas en dehors du réel. Belle étude de cas pour comprendre le « psycho-social » du modèle « bio-psycho-social ».
 

 

Par Charles-Albert Morin