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D’aussi loin que je me rappelle, j’étais une enfant avec des problèmes. Il y a une trentaine d’années, il n'était pas courant pour les parents de cette génération de voir que de l'aide psychologique puisse nous être bénéfique. En fin de compte, j’ai dû me débrouiller toute seule. Aujourd’hui j’apprends grâce au milieu dans lequel j’évolue que l’on appelle ça « la résilience ». Même quand j’ai fait mes études en psychologie, dans les années 2000, on n’entendait pas encore ce mot, si présent dans nos pratiques aujourd’hui.

Finalement, j’ai trouvé dès mon plus jeune âge, une façon d’extérioriser mes pensées, de les faire sortir de ma tête, de traverser les périodes difficiles. J’écrivais. Par la suite, je me suis inscrite dans un cours de Théâtre, et j’en ai fait durant presque quinze ans. Être quelqu’un d’autre, jouer la vie d’un personnage, et recevoir des applaudissements pour cela, fut la meilleure expérience de mes jeunes années.

On le sait, la plupart des grands artistes, sont des êtres tourmentés, et leur art est une forme d’expression. Les maux sont peints, posés sur du papiers, chantés, ou joués… du moment qu’ils sont à l’extérieur, plutôt que coincés à l’intérieur, tournant en rond et menaçant notre stabilité.

Maintenant j’ai vieilli, et j’essaie d’améliorer la santé mentale des jeunes. J’aurai aimé ça connaitre une Aire ouverte lorsque j’étais une adolescente, mais je n’ai pas eu cette chance. En revanche, j’ai eu la chance d’avoir l’art des mots, l’art de la scène, et cette forme de thérapie qui m’a permis de prendre soin de moi, bien souvent sans même que ce ne soit volontaire. Et j’en suis reconnaissante.

Alors même si je ne saurai jamais assez recommander de prendre soin de soi, de l’intérieur comme de l’extérieur. Je voudrais aussi recommander à chaque jeune de ce monde de trouver l’artiste qui est en lui et de le laisser aller à sa guise. On laisse trop souvent de côté la créativité au profit de la productivité, des résultats, et du tangible. J’aimerais que chaque enfant, les miens y compris, sache que sommeille en eux un artiste, un rêveur, un créateur, et qu’ils ont tout le loisir de le laisser s’exprimer, et peut-être, qui sait ? Qu’ils pourraient améliorer leur santé mentale dans ce processus d’inventivité.

Par Céline Villemus